Dégustation
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© 1998, Robert M. Parker, Jr., pour l'édition originale - © 1999,
Editions Solar, Paris, pour la version française
Ce domaine mérite l'attention de tous les amoureux de Sauternes,
et tout particulièrement de ceux qui rêvent d'un vin se rapprochant
de la splendeur et de la beauté du Château d'Yquem tout en coûtant
trois fois moins cher.
Le vignoble de Raymond-Lafon, contigu à D'Yquem et entouré des
premiers crus de l'appellation, fut créé au XIXe siècle par Raymond
Lafon. C'est en raison de sa création récente qu'il ne fut pas
classé en 1855, mais il jouit d'une excellente réputation. A l'heure
actuelle, il occupe une superficie de 16 ha, la plupart des parcelles
étant regroupées autour du château, sur les communes de Sauternes,
Bommes et Preignac. On considère même qu'en 1921, grand millésime
s'il en fût, ce cru (que je n'ai pu goûter!) surpasse le plus
célèbre et le plus prestigieux des Sauternes - D'Yquem (que j'ai
goûté !).
Malheureusement, le domaine a ensuite été négligé, et il a fallu
attendre 1972 pour que Pierre Meslier, qui gérait D'Yquem (il
a pris sa retraite en 1990), achète la propriété et oeuvre à redorer
peu à peu un blason ayant autrefois brillé de mille feux. Actuellement,
ce sont Marie-Françoise, Charles-Henri et Jean-Pierre Meslier,
les trois enfants de Pierre Meslier, qui assurent la direction
de la propnété.
Les rendements à Raymond-Lafon sont très faibles - de l'ordre de
9 hl/ha -; ils sont donc inférieurs à ceux de son prestigieux
voisin. En revanche, I'assemblage et les techniques de vinification
sont identiques, et on y pratique une sélection tout aussi rigoureuse
(20 à 80 % de la récolte est habituellement déclassée). Ce cru
a inauguré une série de réussites avec un très grand 1975 et a
confirmé encore récemment avec un 1990 monumental.
A l'heure actuelle, Raymond-Lafon est en passe de devenir l'un
des très grands de son appellation. Malheureusement, il est difficile
de se procurer ce vin, tant la production est faible - et les
clients de la famille Meslier fidèles.
1996 - (90) - S'annonçant par de très intenses et très complexes senteurs
de noix de coco, d'ananas et de fumé, le 1996 se montre moyennement
corsé et modérément doux en bouche. C'est un vin onctueux, doté
d'un fruité terriblement pur et marqué de ce qu'il faut de boisé.
Vous apprécierez cet ensemble riche et complexe entre 2005 et
2020. (6/99)
1990 - (95) - Il semblerait que le 1990 s'impose comme le plus complet
des millésimes récents de Raymond-Lafon. Arborant un or moyennement
soutenu, il se montre massif et présente des arômes corsés et
mielleux. A boire entre 2002 et 2025. (3/96)
1989 - (91+) - Ce vin dégage, outre des arômes d'ananas, de fruits
tropicaux confits et de chêne neuf et grillé, les senteurs exotiques
et spectaculaires, qui sont moins prononcées et moins botrytisées
dans le 1990 ou le 1988. Il est, comme ces deux millésimes, opulent,
très corsé et merveilleusement riche, avec une douceur modérée;
la finale, très glycérinée et très alcoolique, est fabuleusement
extraite. A boire entre 2000 et 2025. (3/96)
1988 - (92+) - Le 1988 offre un profil aromatique plus fin et une
structure plus serrée que Ie 1989 ou le 1990. Exactement comme
ces deux derniers vins, il peut être dégusté prochainement, mais
il sera meilleur encore dans les 20 ans qui viennent. (11/94)
1987 - (84) - Très léger, avec des arômes fruités, sans détour et
légèrement doux, le 1987 sera agréable, mais sans plus, à l'apéritif.
Il n'a pas, en effet, la corpulence, la douceur ou la complexité
qui lui permettraient d'accompagner un dessert. A boire jusqu'en
2005. (4/91)
1986 - (92) - Bien qu'ils soient très proches, je doute que le 1986
puisse éclipser le grandiose 1983, dont il n'a ni la puissance
ni le caractère massif. Il se révèle néanmoins très botrytisé,
avec des arômes profonds et pénétrants d'ananas caramélisé, de
vanille, de grillé et de pêche crémeuse. Plus longiligne, il est
également très corsé et d'une richesse opulente, et présente une
finale crémeuse et intense. L'ensemble est étayé par une heureuse
acidité. Il sera intéressant de comparer ces deux vins au fur
et à mesure de leur évolution, mais je subodore que le 1986 vieillira
plus précocement que le 1983. A boire jusqu'en 2012. (3/90)
1985 - (87) - C'est l'un des meilleurs 1985 du Sauternais. Riche et
étoffé, il présente un excellent fruité, malgré son manque de
botrytis, et regorge littéralement d'arômes d'agrumes, de pêche,
de poire et d'abricot, rehaussés de vagues notes d'amande rôtie.
Ce vin délicieux devrait évoluer avec grâce jusqu'en 2002. (3/90)
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